Comme chaque année depuis 2015, Solidaris a interrogé plus de 1000 Belges francophones concernant le report de soins pour raisons financières. Le constat est clair : les étudiants se retrouvent aujourd’hui parmi les populations les plus touchées, et c’est notamment leur santé mentale qu’ils sacrifient.

Une détérioration continue
Depuis 2022, l’accessibilité aux soins pour raisons financières se dégrade très nettement pour les étudiants, qui enregistrent +5 points en un an (47%) et +21 points en onze ans.
Ils font partie des groupes professionnels les plus touchés, dépassant trois années de suite leur propre seuil record.

La santé mentale est la spécialité la plus délaissée : 26 % des étudiants renoncent à un soin psychologique ou psychiatrique pour des raisons de coût, un chiffre en hausse de 10 points en un an et 16 points sur dix ans. La progression touche également d’autres disciplines, comme les spécialistes, l’ophtalmologie mais aussi l’achat de médicaments.

Un renoncement global toujours élevé en Wallonie et à Bruxelles
En 2025, 41 % de la population a renoncé à au moins un soin au cours des 12 derniers mois, contre 32 % en 2015. Malgré une légère amélioration depuis le pic de 2019 (48 %), certains groupes restent particulièrement vulnérables :
• Les familles monoparentales : 60 % renoncent à au moins un soin ;
• Les groupes sociaux précaires : forte hausse des renoncements, notamment chez les spécialistes (+7 points en un an) ;
• Les personnes au chômage : explosion du renoncement en santé mentale (+16 points) pour atteindre 37 % ;
• Les pensionnés : malgré une légère baisse par rapport à l’année passée (-2 points, 37% en 2025), leur niveau de renoncement reste bien au-dessus des niveaux observés avant 2019.

Les inégalités de genre sont également marquées : près d’une femme sur deux renonce à au moins un soin, contre un homme sur trois.

Enfin, les inégalités sociales continuent de se creuser dans presque toutes les spécialités : la santé mentale touche 29 % des groupes les plus défavorisés (GS7–8), et l’écart dans l’accès aux médicaments prescrits, entre groupes aisés et précarisés, se renforce nettement.

Les recommandations de Solidaris
Pour lutter contre ces inégalités et le renoncement aux soins, Solidaris fait plusieurs propositions :

1. Garantir un revenu digne pour les personnes en incapacité de travail :
• Relever les indemnités minimales à 10 % au-dessus du seuil de pauvreté dès le premier mois d’incapacité.
• Revoir le calcul des indemnités pour les travailleurs reprenant un temps partiel pour protéger les faibles revenus.

2. Renforcer la protection financière des publics les plus fragiles :
• Supprimer ou plafonner les frais supplémentaires : interdiction des suppléments pour les bénéficiaires du BIM, plafonnement des honoraires en ambulatoire et à l’hôpital.
• Alléger les tickets modérateurs : gel de leur augmentation, suppression pour les soins de première ligne et préventifs.
• Faciliter l’accès aux soins : généralisation du tiers-payant, extension automatique du statut BIM aux familles monoparentales.
• Limiter les coûts en maisons de repos : plafonds proportionnels aux revenus.

3. Des soins mieux remboursés et plus de sécurité tarifaire pour les patients :
• Augmenter le remboursement des soins insuffisamment couverts, notamment dentaires et santé mentale.
• Mettre en place un bouclier tarifaire pour protéger les patients là où moins de 60 % des prestataires sont conventionnés.
• Favoriser les prestataires conventionnés : primes et indexation liées aux accords tarifaires.
• Assurer une croissance soutenue du budget de l’assurance maladie (+3 %) pour répondre aux besoins liés au vieillissement et aux avancées médicales.

4. Concernant la santé mentale des étudiants :
• Augmenter l’offre de soins adaptée aux jeunes.
• Supprimer la limite de séances remboursées chez les psychologues de première ligne pour les jeunes de 23 ans ou moins.

“Il est inacceptable qu’aujourd’hui près d’un étudiant sur deux renonce à des soins essentiels. Il est important de garantir un accès universel à la santé, notamment mentale : c’est une urgence sociale et collective. », déclare Jean-Pascal Labille, Secrétaire général de Solidaris.

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