Les inégalités progressent quand l’accessibilité financière recule !

Chaque année depuis 2015, Solidaris interroge en septembre plus de 1000 belges francophones  sur le report de soins (dentaires, ophtalmo, de santé mentale, consultations généralistes et spécialistes, médicaments prescrits) pour raisons financières. Sa dernière mesure datant de septembre 2020 est implacable. Les inégalités dans l’accès aux soins augmentent pour la simple et bonne raison que la santé a un coût qui est de plus en plus difficile à supporter pour une proportion grandissante de la population belge francophone.

L’enquête montre en effet les résultats suivants :

  • En Wallonie et à Bruxelles, presque 1 personne sur deux qui en avait besoin (46,9%), a renoncé au moins à un soin pour des raisons financières;
  • Si tous les types de soins sont de plus en plus reportés, ce sont les reports de consultations en santé mentale et en médecine spécialisée qui ont le plus augmenté en 6 ans. Ils passent respectivement de 15,4% à 26,7% et de 17,7% à 27,7% ;
  • L’inégalité entre hommes et femmes persiste quant à l’accès aux soins de santé : on dépasse la moitié des femmes qui renonce à au moins un soin (52,6% contre 40,8% pour les hommes concernés) ;
  • Les familles monoparentales, plus souvent des femmes, sont très durement touchées par le report de soins (60,5% concernées par au moins un report) ;
  • Les 40-59ans sont les plus nombreux (56,6%) à devoir renoncer à certains soins. Se soigner ou se priver de soins devient une variable d’ajustement dans le budget des ménages ;
  • Les inégalités sociales en matière de report de soins perdurent. Ce sont 6 personnes sur 10 qui en auraient besoin parmi les groupes sociaux précaires qui sont concernées par au moins un report contre 1 une 4 parmi les groupes sociaux aisés. A noter aussi que la classe moyenne ne résiste plus au manque de moyens pour se soigner ;
  • Les situations des gens en incapacité de travail sont de plus en plus problématiques, dont les ¾ ont renoncé à au moins un soin pour des raisons financières.

Pour Solidaris, et la crise actuelle le rappelle violemment, il est donc urgent de réinvestir des moyens dans l’assurance maladie obligatoire afin de lever tout obstacle financier aux soins de base pour l’ensemble de la population. Mais il faut aussi renforcer les mécanismes de protection des populations plus fragiles sur le plan socio-économique et de la santé et lever les freins à l’accès aux droits. Enfin, c’est toute la sécurité sociale qui doit être renforcée. L’arrêt forcé d’une activité suite à la maladie ne peut en aucun cas exposer au risque de pauvreté. Les malades de longue durée doivent ainsi bénéficier d’un niveau d’indemnisation suffisant pour que la maladie ne débouche pas sur encore plus de précarité.

Devant réparer les dégâts causés par son prédécesseur, le nouveau gouvernement a choisi heureusement de réinvestir dans la santé.  Solidaris y voit une source d’espoir, mais entend continuer à se montrer vigilant, à travers notamment la pétition « Restons solidaires ». Celle-ci porte six revendications : le remboursement intégral de la visite chez le médecin généraliste, des médicaments moins chers, une meilleure prise en compte de la santé mentale, une vie plus digne plus nos aînés, des indemnités de maladie qui protègent de la pauvreté et une revalorisation du personnel soignant.   Autant de priorités qui contribuent à lutter contre les inégalités sociales de santé et le report de soins. https://restonssolidaires.be/

« Les enjeux en matière de santé et, plus largement, de protection sociale sont aujourd’hui d’une taille telle qu’ils méritent d’être centraux tant au niveau belge que sur le plan européen » insiste Jean-Pascal Labille, secrétaire général de Solidaris. « Il y va de la cohésion de notre société ».

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