Chaque année, en Belgique, naissent en moyenne 116 000 enfants. Un heureux événement qui peut aussi être synonyme de stress et d’anxiété pour les parents, et en particulier pour les femmes. Les troubles mentaux liés à l’arrivée d’un enfant, tels que la dépression du post-partum, restent pourtant un sujet tabou et peu étudié.

Dans un contexte où la santé mentale est devenue un enjeu sanitaire majeur, Solidaris a mené l’enquête pour briser le tabou et faire évoluer la compréhension des difficultés liées au post-partum. L’étude, portant sur la période 2012-2019, analyse la consommation d’antidépresseurs de 298 022 parents ayant un enfant de moins d’un an. 2 589 parents supplémentaires ont également été interrogés à l’été 2023.

La santé mentale des parents : un enjeu de santé publique…

L’initiation d’une consommation d’antidépresseurs est plus importante chez les parents ayant un enfant de moins d’un an que dans la population générale. Cette tendance est particulièrement marquée chez les mères, avec un taux d’initiation de 4,7%, comparativement à 2,9% pour le reste des femmes.

Ces chiffres suggèrent une dégradation de l’état de santé mentale de ces parents ayant un enfant de moins d’un an par rapport à la population générale. Les résultats de l’enquête par questionnaire confirment cette observation : 54% des mères wallonnes avec un enfant de moins d’un an, et 28% des pères dans la même situation, présentent une haute probabilité de dépression.

… Mais aussi un enjeu de justice sociale et de genre !

Les femmes encourent un risque accru de voir leur santé mentale se dégrader, surtout lorsqu’elles sont aidantes proches, ont perdu leur emploi, ont été victimes de violences ou ont connu des difficultés avec le personnel soignant. Le manque de soutien est aussi un facteur de risque pour les mères. Quant aux parents jeunes ou ayant un enfant en mauvaise santé, ils sont également particulièrement exposés.

Différents leviers d’action

  1. Soutenir les parents :
    • Étendre le congé de maternité à 21 semaines et aligner le congé de naissance sur le congé maternité, en assurant une protection prolongée contre le licenciement.
    • Accroître le nombre de places en crèche et les rendre disponibles sans conditions.
    • Renforcer et refinancer l’aide à domicile pour les parents.
  2. Développer un trajet de soins en périnatalité qui :
    • Met l’accent sur les dimensions psychosociales du post-partum et respecte les droits des patients.
    • Impose un dépistage systématique de la dépression du post-partum.
    • Intègre la santé mentale du co-parent.
  3. Renforcer la santé reproductive et l’accès aux soins en :
    • Généralisant l’EVRAS ; renforçant le financement des Centres de Planning Familiaux ; garantissant et pérennisant le droit à l’IVG.
    • Améliorant l’accessibilité financière des soins de première ligne ; renforçant l’automatisation du BIM et en augmentant les seuils de revenu ; investissant massivement dans la santé mentale.
  4. Lutter contre les violences de genre via :
    • L’élaboration d’une loi-cadre sur l’ensemble des violences basées sur le genre.
    • La création d’un fonds spécifique pour les victimes.
    • La traduction du rapport du sénat sur les violences gynécologiques et obstétricales en textes de loi.

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