Réalisée en collaboration avec la RTBF et le journal Le Soir, cette enquête du Thermomètre Solidaris porte sur notre perception des médicaments.

Ce sondage a été réalisé par Internet auprès d’un échantillon de 1000 personnes représentatives des Belges francophones de 18 à 70 ans et 240 professionnels du secteur  médical (120 médecins généralistes et 120 pharmaciens).

D’emblée, un constat s’impose : le recours aux médicaments est de plus en plus important. On assiste donc  à une réelle « médicamentation » de la société, à une extension du champ des pathologies et au développement des « pilules miracles ». Diverses situations de la vie (deuil, cafard, stress au travail, désobéissance de l’enfant., troubles du sommeil…) sont désormais présentées et entraînées dans le champ de la pathologie avec une prescription médicamenteuse ad hoc. D’un objet strictement médical, le médicament est devenu un produit de consommation particulier, une marchandise.

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D’emblée, un constat s’impose : le recours aux médicaments est de plus en plus important. Notre société privilégie le curatif plutôt que le préventif. On soigne par des médicaments quand la maladie est là plutôt que d’agir en amont.

  • 67% des patients-consommateurs et 70% des médecins généralistes estiment que nous faisons vraiment un usage excessif du medicament.
  • 47% des personnes trouvent que notre société privilégie le curatif plutôt que le préventif. On soigne par des médicaments quand la maladie est là plutôt que d’agir en amont. Les médecins généralistes (51%) et les pharmaciens (59%) partagent ce sentiment.

Cette surprescription de médicaments est vraiment reconnue par plus de 3 médecins généralistes sur 10. Pour les professionnels, elle est d’ailleurs source d’inquiétudes.

  • La demande des patients-consommateurs : l’ordonnance devient un contre-don du médecin au patient. 67% des médecins généralistes se rendent compte que, pour leurs patients, la prise de médicaments est une réponse facile et immédiate à un problème d’hygiène de vie ou relationnel.
  • Le manque de temps en consultation, mais surtout la pression sociale : près d’1 médecin généraliste sur 2 (46%) ressent une obligation de résultats immédiate. Sur le marché de l’emploi, le patient a peur d’être en congé de maladie, il préfère prendre des médicaments plutôt que de prendre le temps de se reposer.
  • La puissance du marketing de l’industrie pharmaceutique : un peu plus d’1/3 des médecins et pharmaciens pensent que les entreprises pharmaceutiques construisent des marchés pour vendre des médicaments.
  • Le recours à l’automédication et Internet : 60% des pharmaciens et 52% des médecins généralistes constatent une croissance de l’automédication, 60% des patients-consommateurs regardent  ce qu’ils ont dans leur pharmacie familiale avant d’aller chez le médecin.  Les pharmaciens (72%) et les médecins généralistes (60%) estiment qu’Internet joue un rôle important dans la croissance de l’automédication.
  • Le conditionnement des médicaments : 59% des patients-consommateurs, 59% des médecins généralistes, et 78% des pharmaciens estiment que les boîtes de médicaments sont trop grandes, qu’elles contiennent trop de doses et génèrent du gaspillage.

Concernant les génériques, les patients-consommateurs y sont plutôt favorables : Les médecins généralistes sont, par contre, plutôt mitigés quant à leur équivalence en termes d’efficacité thérapeutique et de sûreté par rapport aux médicaments originaux. En ce qui concerne la prescription en DCI (sous la Dénomination Commune Internationale : le nom de la molécule), les médecins généralistes sont plutôt réticents.

  • 68% des patients consommateurs déclarent accepter systématiquement une prescription de médicaments en version générique.
  • 48% des médecins généralistes interrogés n’ont pas confiance en l’indépendance des pharmaciens à l’égard des entreprises pharmaceutiques. La majorité des patients-consommateurs, par contre, y sont favorables et ont confiance.

En chiffres

des patients consommateurs estiment qu’il y a vraiment trop de publicités pour les médicaments dans les médias 54%
des pharmaciens estiment que les entreprises pharmaceutiques informent vraiment honnêtement les patients 1%
des médecins généralistes déclarent qu’ils ne maîtrisent pas toujours toutes les caractéristiques de tous les médicaments qu’ils prescrivent 25%
des patients consommateurs acceptent en général systématiquement qu’on leur prescrive des médicaments dans leur version générique 68%
des pharmaciens déclarent que si la loi imposait de prescrire en DCI, cela serait une bonne mesure 56%