Le travail ne protège plus pour 40% des travailleurs

Au cours des dernières décennies, le travail a opéré de nombreuses mutations. Aujourd’hui, la notion de salariat est en plein bousculement et laisse parfois place à des formes d’emplois plus hybrides et souvent plus précarisés comme c’est notamment le cas du travail dit «ubérisé».

Ce Thermomètre Solidaris – RTL – Le Soir a alors cherché à s’intéresser aux travailleurs.  L’objectif ici était de savoir si le fait d’occuper un emploi, suffit encore à protéger de la précarité financière voire même de la pauvreté. Quel est le revenu des travailleurs et comment se porte leur pouvoir d’achat ? Arrivent-ils à épargner ou simplement à boucler leurs fins de mois ? Si pas, alors quelles sont les difficultés auxquelles ils doivent faire face, que ce soit dans leur vie de tous les jours ou par rapport à l’avenir ?

Dans un premier temps, un peu plus de 3.000 travailleurs francophones ont été interrogés dans le cadre de cette enquête.
Dans un deuxième temps, ce sont plus de 800 travailleurs répondant à des critères spécifiques en termes de pouvoir d’achat, qui ont pu s’exprimer sur la façon dont ils vivaient, la perception qu’ils avaient de la société et des institutions, mais aussi plus simplement sur leur état de santé, physique et mentale.

Consulter notre enquête Consulter l’intégralité de l’enquête

Visionner la vidéo Visionner la capsule vidéo

Pour Solidaris, organiser une société où tout le monde, travailleur ou pas, aurait accès aux besoins essentiels et pourrait au minimum se loger, se soigner, s’éduquer et accéder à des loisirs et activités culturelles de façon égale, est fondamental.

En effet, alors que, face au chômage, le travail a longtemps été considéré comme le garant d’une forme de stabilité et de sécurité,  aujourd’hui, exercer une activité professionnelle ne permet plus d’assurer une vie sûre et digne et ne protège plus de la précarité. Car parmi les travailleurs :

  • 29 % déclarent boucler leur budget en s’en sortant tout juste
  • 8% n’arrivent à le boucler qu’en étant à découvert chaque mois
  • 3% ne s’en sortent plus du tout

Lorsque l’on se rapproche du seuil de pauvreté, soit 1250€ net par mois par personne :

  • 41% sont des femmes contre 29 % d’hommes
  • 51 %  sont à temps partiel et la grande majorité ne l’a pas choisi
  • 33 % ont actuellement moins de 30 ans
  • 45% ont peur de se retrouver au chômage

Les travailleurs qui doivent faire face à de faibles revenus sont amenés à se priver de tout un tas de choses, à  commencer par les vacances pour 60% d’entre eux.

Leurs difficultés financières les obligent également à renoncer à se défendre en justice si le cas se présente mais aussi à accéder à un logement convenable ou même à assurer à leurs enfants l’accès à des études supérieures ou à simplement s’offrir des activités culturelles et de loisirs.

Par ailleurs, il apparaît que les situations précaires sont souvent cumulatives : milieu familial peu aisé, niveau scolaire peu élevé, contrats de travail précaires, …

De plus, notre enquête montre que les coups durs de la vie tel que le chômage, un divorce, un décès, … peuvent entraîner un rapide basculement d’une situation  « protégée » ou « confortable » vers la précarité ou la pauvreté.

Cela a été  le cas pour 72% de notre échantillon de travailleurs.

De façon linéaire, plus le salaire est bas plus les personnes sont très insatisfaites de leur vie. Parmi ceux vivant sous le seuil de pauvreté 56% sont pessimistes concernant l’avenir.

Malgré ça, même s’ils sont très nombreux (60%) à évaluer leur vie comme insatisfaisante, le travail reste perçu comme une sorte d’échappatoire et la peur du chômage persiste car 69% considèrent que ne pas travailler est indéniablement le signe d’une mort sociale.

En chiffres

Ils arrivent à mettre beaucoup d’argent de côté tous les mois. 7%
Ils risquent de basculer dans la pauvreté ou font déjà face à une situation précaire. 40%
Ils sont détenteurs d’un CDI et vivent sous le seuil de pauvreté (moins de 1250 € net par mois). 45%
Ils se privent de partir en vacances au moins une fois par an à cause de difficultés financières. 71%