Un logement, c’est bien plus que quatre murs ; en Belgique, c’est un droit consacré par la Constitution. Alors qu’il devrait être source de sécurité et de bien-être, il est encore trop souvent à l’origine de problèmes de santé notamment. Chaque année en Europe, plus de 100.000 décès sont imputables à des conditions de logement inadéquates !

Le dernier Thermomètre Solidaris, à la croisée de plusieurs enjeux sociétaux (Pandémie de Covid-19, crise énergétique, crise de l’accueil des demandeurs d’asile, transition écologique) met en lumière les multiples dimensions du logement, leur impact sur ses occupants, les revendications, et les recommandations qui en découlent.

Des constats inquiétants

Les disparités en matière de logement sont flagrantes. Courants d’air, isolation insuffisante, humidité, exiguïté, faible luminosité, température trop élevée/basse, … Dans le cadre de ce Thermomètre, nous avons recensé l’ensemble des problèmes auxquels une partie non négligeable de la population est confrontée dans son habitation. Ce relevé nous a permis d’établir un score de qualité perçue du logement qui met clairement en évidence que tout le monde n’est pas logé à la même enseigne.

Le logement a un impact direct sur la santé des occupants. 13 % des personnes interrogées ont déjà connu des problèmes de santé liés à leur logement. 57% de ceux qui vivent dans un logement avec un très mauvais score ont ainsi déjà rencontré des problèmes cardiovasculaires (34%), des problèmes respiratoires (50%), des problèmes de santé liés à des accidents domestiques (28%) et des problèmes de santé mentale (52%).

L’impact du logement sur l’environnement est également un sujet préoccupant. Malgré un certain intérêt pour la performance énergétique et les matériaux respectueux de la santé et de l’environnement, les efforts à réaliser inquiètent : 41 % sont préoccupés de la mise en conformité de leur logement aux nouvelles normes environnementales ; 56 % estiment qu’elles évoluent trop vite et seulement 61 % adhèrent à la location sous PEB. 41 % rencontrent des difficultés à faire face aux dépenses pour entretenir leur logement

Le coût du logement représente la plus grande partie des dépenses des ménages, c’est parmi les plus aisés que l’on compte le plus de propriétaires (71% le sont). Pour 78% des personnes interrogées, être propriétaire est une sécurité mais l’accession à la propriété est fortement conditionnée par la capacité financière. Si l’on se penche sur l’état de santé, 62% des propriétaires se déclarent en bonne santé, contre 53% des locataires et 41% des locataires de logements sociaux.

Et le marché locatif ? Les logements sociaux sont insuffisants et le délai d’attente pour y accéder trop long. En outre, 37% des personnes qui les occupent sont insatisfaites : 74% de ces logements peuvent être classés comme très mauvais. Le marché locatif privé est lui aussi dans une situation préoccupante : 63% des biens en location affichent un mauvais ou très mauvais score.

La problématique du logement est donc intrinsèquement liée à des enjeux cruciaux tels que l’environnement, la santé, la justice sociale, et la lutte contre les inégalités. Selon Jean-Pascal Labille, Secrétaire général de Solidaris : «Ce qui est en cause ici, c’est l’organisation marchande de l’accès au logement. Bien que le marché constitue un système efficace d’allocation des ressources, il est porteur d’une violence intrinsèque en ceci qu’il met ceux qui n’ont rien à la merci de ceux qui possèdent. »

Les recommandations de Solidaris

Face à ces défis, Solidaris formule quatre revendications prioritaires pour lutter contre les inégalités de santé liées au logement et combattre les inégalités patrimoniales :

  1. Renforcer le rôle de l’État : Solidaris appelle à un investissement massif de l’État pour tripler le taux de rénovation énergétique des bâtiments résidentiels et garantir un logement sain pour tous en régulant fortement le marché immobilier via un système de conventionnement des loyers. De plus, nous soutenons la réquisition des logements inoccupés, le programme « housing first », une implication accrue de l’État dans la propriété foncière et immobilière, ainsi qu’un financement renforcé pour les Agences Immobilières sociales.
  2. Une sécurité sociale du logement : Solidaris préconise le développement d’une sécurité sociale du logement pour traiter le logement comme une question de santé publique plutôt qu’un marché ordinaire. En effet, de la même manière qu’un secteur de la santé non réglementé nuit à la santé des moins favorisés et qu’un marché du travail sans négociations collectives nuit à la productivité, la distribution des biens immobiliers par le marché crée une injustice sociale qui affecte la santé publique.
  3. Renforcement des capacités financières des individus : le premier rôle du politique est d’assurer une répartition équitable des richesses. Tout en reconnaissant l’importance de la fiscalité à long terme, Solidaris appelle à des mesures immédiates pour soutenir les ménages les plus vulnérables, notamment : un plan interfédéral pour la promotion et la prévention de la santé, l’individualisation des droits sociaux (suppression du statut de cohabitant),…
  4. Justice fiscale et justice sociale : en plus des deux mesures fondamentales de toute justice fiscale que sont la globalisation des revenus et l’impôt progressif sur la fortune, nous revendiquons la mise en place d’un cadastre des propriétaires accessible au grand public. Il s’agit d’un préalable à une imposition progressive des loyers et à une fiscalité qui différencie mieux le statut du bien.

Ces recommandations seront assorties, dans les semaines à venir, de diverses actions de sensibilisation sur le terrain politique et citoyen.

Retrouvez l’entièreté de l’enquête ici.