La consommation des antidépresseurs défraie régulièrement la chronique. Dans notre pays, plus d’une personne sur 10 de plus de 18 ans a consommé au moins un antidépresseur en 20101 . Le coût de ces antidépresseurs pour l’assurance maladie obligatoire s’élève à quelque 184 millions €, soit 6,4% de l’ensemble des médicaments remboursés en ambulatoire. De 2002 à 2010, l’augmentation
annuelle moyenne en volume a été de 6,2%.

La Belgique n’est pas le seul pays concerné par cette croissance continuelle du volume prescrit d’antidépresseurs. Une étude réalisée par l’Université de Warwick et l’IZA Institute – sur base de l’enquête Eurobaromètre février-mars menée auprès de 27.000 personnes dans 27 pays – montre qu’en moyenne, en 2010, une personne sur 10 a pris des antidépresseurs en Europe. Cet usage élevé d’antidépresseurs, et d’une manière générale des psychotropes, inquiète.

Dans sa note de politique générale, la ministre des Affaires sociales et de la Santé publique, Laurette Onkelinx, a d’ailleurs proposé la mise en place d’une plateforme scientifique chargée de réaliser une règlementation pour les prescriptions et des campagnes sur la consommation problématique de ces médicaments.

Malgré la forte consommation d’antidépresseurs, on observe parallèlement qu’une grande partie des personnes souffrant de dépression n’est pas prise en charge. Dans ce domaine, on évoque dès lors davantage un phénomène de dysprescription plutôt que de surprescription.
En 2006, la Mutualité Socialiste – Solidaris avait réalisé une étude approfondie de la prescription des antidépresseurs. En particulier, l’étude suivait pendant trois ans une cohorte de patients ayant débuté un traitement par antidépresseurs. L’analyse débouchait sur des résultats mitigés. D’une part, ils montraient que 60% de ces patients avaient arrêté leur traitement avant trois mois et que 49%
s’étaient vus prescrire une seule boîte (environ un mois de traitement), soit des durées de traitement insuffisantes pour soigner un épisode de dépression majeure. D’autre part, en excluant ces prescriptions uniques, la durée médiane du traitement atteignait 240 jours, ce qui correspond aux recommandations pour le traitement d’un épisode aigu de dépression. Enfin, les résultats montraient une bonne observance du traitement. Cette étude actualise et approfondit l’analyse menée en 2006. Elle vise à répondre à deux questions :

1. Quels sont les principaux facteurs qui expliquent l’évolution de la consommation d’antidépresseurs ces dernières années ?

2. Comment a évolué la durée du traitement et l’adhérence à celui-ci au cours de la période ?

Pour y répondre, on réalise, dans un premier temps, une analyse transversale de l’évolution du coût et des volumes des antidépresseurs entre 2002 et 2010. Dans un second temps, on réalise une analyse longitudinale afin d’étudier l’évolution des nouveaux traitements et de l’observance entre 2004 et 2008. Dans cette analyse, l’observance du traitement est décomposée en ses deux dimensions : la durée du traitement et l’adhérence au traitement.

Lien vers l’étude :  Anti dépresseurs : évolution de la prescription